Mon cheminement

Quel chemin ai-je parcouru pour arriver à mon accouchement vaginal après 3 césariennes ?
L’idée d’une naissance par voie basse est arrivée dans ma conscience en début de grossesse. Mais cela restait du domaine du rêve inaccessible.
Et puis, lors d’une tente rouge, la dernière avant le confinement, la facilitatrice et merveilleuse âm(e)ie m’a prêté le livre du Dr Michel Odent
“Césariennes : questions, effets, enjeux”.

Comme si elle avait senti mon questionnement intérieur et inconscient. (Immense gratitude pour ce très précieux prêt et pour ton intuition magique!) J’ai le souvenir d’avoir eu une visualisation bluffante de réalité, où je voyais et ressentais la tête de mon bébé sortir de mon corps.
Me voici donc, à dévorer ce livre, assez médical dans les termes mais très accessible, qui me bouleverse et me retourne. Je suis un bébé né par césa d’urgence. Alors tous les aspects de ce livre me touchent.
Je comprends beaucoup de choses sur moi, sur mes enfants… Et je suis en colère. Parce que je lis cette surmédicalisation, cet interventionnisme que le Dr Michel Odent ne semble pas approuver. Et je (re)découvre toute cette intuition, cet instinct, cette confiance en nous qui nous ont été enlevés. Je passe par toutes les émotions à la lecture de ce livre.
Je m’inscris sur des groupes d’AVAC sur un réseau social. Il n’y a que des groupes francophones du Québec. Je commence à échanger avec une maman qui a enfanté sans assistance chez elle après 2 césariennes. Son récit restera ma bouée d’ancrage pour les jours de doute (mille merci pour ton partage salvateur).
Je poursuis mes lectures, tout aussi passionnantes les unes que les autres : “Une césarienne ou un AVAC” d’Hélène Vadeboncoeur, autrice québécoise;

“Le guide de la naissance naturelle” d’Ina May Gaskin, sage femme américaine;

“Accoucher par soi-même” de Laura Shanley Kaplan, une super maman qui a enfanté sans assistance pour chacun de ses enfants et qui se bat pour que les femmes retrouvent ce pouvoir-là;
“Hypnonaissance” de Marie Mongan, hypnothérapeute américaine.
Je suis happée par la passion de l’enfantement. Je les relis 2 voire 3 fois sur 4-5 mois! Je me sens de plus en plus confiante! Je sens et je sais que je veux enfanter chez moi et que ce sera sans assistance médicale.
En effet, je suis en France, et les sages femmes qui pratiquent les AAD* ne sont pas légions et sont très “surveillées”. Je décide tout de même d’en contacter une, en sachant qu’elle ne pourra pas m’accompagner. Mais j’avais envie de cet échange. Ce fut très enrichissant. Je ne lui ai pas parlé de mon projet d’enfantement libre, ou ANA*, bien sûr. (Gratitude infinie pour ton écoute et tes combats)
Alors, je me prépare, déjà mentalement. Je sais que j’ai une cicatrice d’enfer (les mots de la gynéco lors de ma 3è césa me reviennent sans cesse!) et je m’en fais un mantra. Je me fais des affiches pour le jour J (que mes enfants colorieront d’eux-mêmes, ajoutant leur patte personnelle au nid que je me prépare). J’ai mon ballon, j’ai une écharpe que je pense utiliser pour m’y suspendre, je prépare une playlist. Je médite beaucoup et visualise énormément. Je travaille sur ma respiration pour atteindre une détente profonde.
Je sens que j’ai besoin de parler avec ma mère de ma naissance. Elle me raconte ses grossesses et ses accouchements. 3 grossesses avec cerclage précoce, alitement et hospitalisation, déjà, ce n’est pas réjouissant. Pour ma part, après le décerclage, elle a entièrement perdu les eaux et s’est retrouvée avec mon corps imprimé sur le ventre. Je me suis retrouvée en détresse respiratoire ce qui a valu cette césa d’urgence. S’en sont suivi 15 jours d’hospitalisation pour nous deux. La tension de ma mère était de 4 environ, elle a eu une infection à la cicatrice qui devait être rouverte tous les jours, une infection au niveau de la perf… Encore plus sympa, non? Evidemment, pas d’allaitement dans ces conditions. Ma mère a pu accoucher par voie basse des suivants, mais toujours avec des complications, dont un bébé né grand préma malgré le cerclage…
Alors, aux vues de la position de mon bébé, qui s’est retourné très tôt, je sens que je me suis réconciliée avec la naissance. Inconsciemment, j’en suis persuadée, j’ai dû bloquer mon corps, empêchant mes bébés de se mettre dans la “bonne position”, de peur de l’enfantement.
Je fais des séances chez l’ostéo, pour être sûre que rien ne puisse bloquer le passage de bébé, je fais un soin énergétique essénien, … Je fais la préparation à la naissance de Quantik Mama. (Gratitude infinie pour ton travail, ta douceur et ton écoute). Mais surtout, j’y crois.
Je suis intimement convaincue que le mental joue énormément sur le déroulement des évènements. C’est pourquoi, outre les connaissances acquises au gré de mes lectures, je ressens cette confiance en moi et cette certitude d’avoir pris la bonne décision. Et je te prie de croire que ce n’est pas simple, pour moi, d’être sûre de moi et de mes décisions! Mais là, vraiment, je ne doute pas.
Je ne parle pas de mon projet, ou très peu, pour éviter de récupérer les peurs des autres. Je n’ai pas envie d’avoir à me justifier, argumenter, … Et pour ce faire, je m’inscris en maternité et négocie une césa programmée une semaine avant le terme au lieu de deux. Secrètement, j’espère que bébé pointera le bout de son nez avant!
En tous cas, je suis armée. Je connais les risques de la césa itérative, ceux de l’AVAC et AVAxC. Et mon choix en est renforcé. J’ai beaucoup appris sur la physiologie de l’enfantement.
Et j’ai appris à faire confiance à mon corps et à mon bébé.
Ils savent quoi faire !