Distribution des rôles

J’avais envie de te parler de ce que mes grossesses m’ont appris. Bon, j’avoue, ça me permet de faire le point avec moi-même… Le rapport avec les césa, les AVAC et AVAxC et tout et tout ? Attends, tu verras.
Je te disais plus tôt que j’ai subi une IVG alors que j’avais 18 ans. Vu le contexte de cette grossesse, je n’ai pas envisagé un seul instant de le garder. J’ai traversé cette période auréolée de noir. À savoir ce que j’en ai appris, je cherche encore. Peut-être était-ce la première pierre qui m’a menée là où je suis aujourd’hui, telle que je suis.
Pour mon grand loup, je n’ai pas trop souvenir de bouleversement particulier. Quoique, en y repensant, il m’a réconcilié avec la grossesse. Cette nouvelle grossesse, voulue, désirée, m’a donc appliqué un baume au cœur. Elle s’est très bien déroulée, en mode zen.
Pour ma deuxième loupiote, j’ai ressenti un gros blocage de communication avec mes parents. Comme si je leur en voulais. De quoi, aucune idée. Mais c’est là et c’est difficile. Peu de temps après la naissance de ma fille, j’ai fait une dépression. Il m’a fallu un an et demi pour en sortir. Il existait tellement d’éléments déclencheurs que je ne savais pas ce qui l’a provoquée. Les débuts n’ont pas été faciles, le lien a mis du temps à se tisser.
Pour ma troisième poupette, ce fut la débrouillardise. Pas que ce n’ait pas été le cas avant, mais là, euh, plus, plus, quand même… Mon homme était en stage en région parisienne la semaine et ne rentrait que le week-end. Ma belle mère venait de temps à autre m’aider, mais je ne sais pas demander ni accepter de l’aide… Me v’la enceinte bien comme il faut, à charrier des brouettes de bois pour allumer la chaudière, à gérer le quotidien à 100% (et les deux grands allaient encore à l’école, donc il y avait les trajets). Fatiguée ? Moi ? À aucun moment je n’ai pensé à une éventuelle rupture utérine, malgré le poids que je soulevais (ajoutons les courses bien sûr). Comme quoi…
Concernant ce petit bébé qui s’est installé dans mon ventre presqu’au moment du décès d’un arrière grand père de mes loupiots, que je considérais comme mon grand père. Ce petit être qui a fait un nid éclair dans mon corps. Qui l’a quitté à 8 SA. Il m’a fait comprendre que mon chemin de guérison n’était pas terminé. Que je n’en étais encore qu’à gratter la surface, le vernis. Et ma 3ème avait compris que je ne devais pas annoncer sa présence en moi lors d’une tente rouge, une semaine avant. Depuis, j’ai continué mon chemin de guérison et j’ai bien avancé. Gratitude, petit ange.
Et mon petit dernier loulou… Je n’ai jamais vraiment parlé à mes bébés dans mon ventre. C’était trop abstrait pour moi. Mais pas cette fois ci. L’idée d’une naissance différente faisait route doucement vers ma conscience. J’ai eu une visualisation avec ressenti très troublant, plein de réalité, cette vision d’une naissance par voie basse, où je sentais la tête de mon bébé entrer dans notre monde terrestre. Après avoir commencé à lire et à m’informer sur cette possibilité, je lui ai encore plus parlé. De sa naissance et de son déroulement, de la position optimale de sa tête, de ses bras, de son corps pour que ce soit plus facile, de l'acceptation que ce ne soit pas forcément idéal pour lui, de la joie de la rencontre,…
Ensemble, nous avons formé une équipe.
Et nous avons réussi.
Une naissance par voie basse après 3 césariennes.
Tout est possible.